Le
22 août 1914 est la journée la plus meurtrière de la « bataille
des frontières » par laquelle débute la Première
Guerre mondiale. C'est aussi la journée la plus meurtrière de la
Grande Guerre et de toute l'Histoire militaire de la France.
L'état-major français s'est laissé surprendre par les offensives allemandes en Sambre et en Lorraine et n'en maintient pas moins l'ordre de charger l'ennemi à quelque prix que ce soit. Les combats, à l'ancienne, avec charges à la baïonnette, en uniformes de couleur, képis et pantalons garance (rouge), se soldent par des pertes très importantes face à un ennemi qui, déjà, utilise massivement les mitrailleuses (400 à 600 coups par minute) et des obusiers capables de tirer de derrière les collines, sans visibilité.
À Charleroi et Rossignol, en Belgique, comme à Morhange, en Lorraine, les armées françaises enregistrent un total d'au moins 25 000 tués, soit autant que pendant la guerre d'Algérie (1954-1962) et le quart des pertes du mois d'août 1914. Les Allemands eux-mêmes recensent 10 000 tués et sont trop épuisés au soir de ces engagements pour profiter de leur avantage et poursuivre leurs adversaires.
L'étendard du 1er colonial eut un sort aussi dramatique mais moins heureux. Ayant été enterré à même le sol, il n'a pu être retrouvé en entier. Seules, subsistent la cravate et la croix. Craignant de tomber aux mains de l'ennemi, le capitaine Paris de la Bollardière avait confié la cravate à M. Favrais, régisseur du château royal des Anerois, qui la conserva pieusement et la remis au général Aube. Quant à la croix qui avait été accrochée à la hampe par le président de la République, le commandant Roy l'avait fait coudre par Mme Hinque, femme du bourgmestre de Rossignol, dans la doublure de sa vareuse ; blessé, il fut fait prisonnier ; pendant tout le temps de sa captivité, il la dissimula,jalousement, aux investigations de ses gardiens et la rapporta lors de son rapatriement.
J’appelai le capitaine Paris de La Bollardière auprès de moi. Je lui remis la cravate du drapeau qui la confiera plus tard à M. Favresse (Favrais ??) , régisseur au château royal des Amerois (propriété de la famille royale entre Bouillon et Florenville; voir article sur » Les Amerois »).
C’est en effectuant une retraite devant l’écrasante supériorité de l’ennemi que le capitaine Paris de Bollardière passa par le domaine des Amerois pour regagner le Nord de la France…
J’en gardai la croix et ordonnai au sergent d’en briser la hampe , de placer le drapeau sur sa poitrine et s’il était blessé, de sauver coûte que coûte l’emblème sacré en l’enterrant.
Ce n’est qu’à la nuit tombante que trois soldats, blessés eux-mêmes, me traînèrent jusqu’à » La Civanne » où se trouvaient déjà quatorze blessés…
J’avais placé la croix du drapeau dans ma tunique mais bientôt, un soldat allemand tenta de me prendre le précieux trésor lorsque Mme Hinque, épouse du bourgmestre (maire) de Rossignol tenta de repousser le soldat en lui criant en allemand de me laisser mourir tranquille.
La croix du drapeau du 1er R.I.C. était sauvée.
Dès lors, j’avais fait coudre une doublure d’épaule pour recevoir la croix qui restera dissimulée durant mon emprisonnement en Allemagne…
La soie du drapeau fut détachée de la hampe et dissimulée dans un talus de Orsinfaing par le soldat Le Guidec de Pontivy Stanislas .
Un autre soldat récupéra la relique pour l’appliquer sur sa poitrine sous l’ uniforme. Il l’a déposa dans la ferme Lempereur à Lenclos-Etalle .
Le propriétaire de la ferme cacha le drapeau et très vite les allemands arrivent et le font prisonnier…
Fin Janvier 1915, les Allemands firent des recherches autour de la ferme.
Mai 1919, le capitaine Lafisse lança des recherches en vain…
1935, les Lieutenants-Colonels Fauchon et Paris de la Bollardière entamèrent de nouvelles recherches avec la participation du sergent Thiry et de Stanislas Le Guidec de Pontivy, sans résultats…
Gloire pour les malheureux marsouins de la 3e division d'infanterie coloniale, chargeant au son du clairon un ennemi bien retranché qui joue superbement de sa supériorité tactique, condamnant au massacre des vagues de valeureux coloniaux conduits avec panache par des chefs aveuglés par la doctrine de l’offensive à outrance et des règles d’engagement d’une autre époque ; où la « furia », le cran et l’esprit offensif devaient faire la différence. Honte et Déshonneur pour les unités silésiennes qui gommeront de leur légende militaire cette page noircie par des exactions sans nombre au détriment des populations civiles belges.
Aujourd’hui tout cela peut paraître décalé ; l’on ne retient que la graine de folie des combattants français chargeant un ennemi à « l’efficacité » éprouvée, et l’on oublie nos amis belges, victimes civiles, fusillées par dizaines – en cachette - autour de Rossignol et d'Arlon… Une « spécialité » allemande en Belgique occupée qui se renouvellera, dont on ne parle jamais, du moins en France. Ce sera ma piqûre de rappel contre l’oubli, action totalement irrévérencieuse en cette année de centenaire où l’amitié franco-allemande est une nouvelle fois mise en avant et nécessite des « gommages » inesthétiques – pardon – politiques, à la marge.
[…]
[page 17] Après la relation de ces atrocités, c'est pour moi un devoir des plus agréables de vanter le courage, le dévouement et l’abnégation dont ont fait preuve les autorités belges et les habitants dans ces heures tragiques.
Si nos blessés ont été relevés, abrités, soignés et nourris, c'est grâce à l'activité inlassable de tous les habitants, dont le concours n'a pas été sans danger. En particulier, les dames âgées à qui appartient le château de Rossignol, les bourgmestres de Rossignol et de Breuvanne ainsi que quelques autres personnes ont consacré sans restriction leur personne et leurs biens au sauvetage de nos blessés. Ce serait une grande justice de reconnaître et de récompenser ces services éminents et je recommande à la bienveillance du Gouvernement français les personnes suivantes :
1° Pour la Croix de la Légion d’Honneur : Melle la Comtesse Mathilde von der Strat Ponthoz, déléguée de la Croix-Rouge belge, copropriétaire du château de Rossignol qui malgré son grand âge, a dirigé personnellement, sans presque prendre aucun repos pendant 10 jours, le personnel de l'ambulance belge, et qui a mis tout ce qu'elle possédait à l'entière disposition du personnel médical français.
M. X.[Gustave Hinque].. (note 1) bourgmestre de Rossignol qui, outre l'assistance donnée en qualité de magistrat communal, a recueilli chez lui et a soigné avec le plus entier dévouement des blessés français dont un officier gravement atteint.
2° Pour une médaille d’honneur en or - Melle la Comtesse Gabrielle-Jeanne von der Strat Ponthoz, copropriétaire du Château de Rossignol, qui a activement secondé sa sœur […]
(page 17, note 1) J'ai le regret de n'avoir pas pris les noms de ces 2 magistrats principaux [Hinque et Provis, secrétaire communal].
Monument des troupes coloniales à Rossignol
Cimetière Militaire Français à Rossignol
Une carte du combat de Rossignol
Le moulin de La Civanne de Gustave Hinque
22
août 1914. Massacres à Morhange, Charleroi et Rossignol
https://www.herodote.net/22_aout_1914-evenement-19140822.php
Destinée du drapeau du 1er Régiment d’Infanterie Coloniale à la bataille de Rossignol. Narration du Commandant Rey à propos du drapeau du 1er Régiment d’Infanterie Coloniale Français.
Glorieux emblèmes retrouvés. L'Illustration n° 3 953 - 7 décembre 1918 - page 541
http://www.troupesdemarine.org/traditions/unites/pages/pg000001.htm
Le Service de Santé Colonial au Combat de Rossignol (Belgique, 22 août 1914) (1ère partie) 5 Avril 2014 , Rédigé par François OLIER
Combat
de Rossignol (22 août 1914)
http://www.sambre-marne-yser.be/article=7.php3?id_article=22
Le
combat pour Rossignol le 22 août 1914
http://chtimiste.com/batailles1418/combats/rossignol.htm